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Le dispositif Lycéens et apprentis au Cinéma soutient « Honor de cavalleria » 1 février, 2007

Posté par honordecavalleria dans : Production , trackback

Ce blog est consacré au film de Albert Serra « Honor de cavalleria ». Il a été créé par les coordinations Lycéens et apprentis au cinéma d’Île de France et des Pays de la Loire pour permettre aux élèves et apprentis ainsi qu’aux enseignants inscrits au dispositif d’échanger sur ce film.

 

Entretiens

Albert Serra - Cannes 2006

Albert Serra – Réalisateur

J’ai eu l’idée de faire ce film alors que je réalisais mon premier long-métrage. Lluís Carbó était alors le personnage principal et il l’est encore aujourd’hui. C’est lui qui interprète le personnage de Quichotte. Nous voulions faire un film sur l’idéalisme. Quel était alors le point de départ pour réaliser un tel film? Un livre magnifique qui traite de ce thème, c’est à dire Don Quichotte. C’est ainsi que l’idée de faire ce film est née. Cela fait longtemps que je m’intéresse et que je suis fasciné par le film Lancelot du Lac de Bresson. Ce film a été ma source d’inspiration première car nous voulions réaliser un film historique à petit budget, comme celui de Bresson et comme l’avait fait Bergman avec Le septième sceau et La fontaine d’Aréthuse. Cette ambiance austère et conceptuelle nous intéressait. Les jeunes cinéastes ont en général en tête le stéréotype du film urbain, d’histoires actuelles, de thèmes qui traitent de jeunes gens. Pour contrer tout cela, nous avons voulu revendiquer la tradition du film classique, différente du jeune cinéma qui se fait aujourd’hui. Nous désirions faire un film aux antipodes du cinéma habituel.

Nous avons décidé de tourner en numérique, ce qui n’arrive presque jamais car le numérique est en général utilisé pour les films urbains, modernes, bourrés d’effets spéciaux alors que nous avons décidé de l’utiliser pour réaliser un film contemplatif, atmosphérique dans lequel les paysages ont le premier rôle. Nous avons tout tourné en extérieur en milieu naturel, il n’y a aucune scène d’intérieur, il n’y a aucun décors, aucune construction humaine. Les acteurs sont des amateurs, suivant la grande tradition de Bresson, Pasolini et de Ermanno Olmi. Tout ceci est très curieux car ni le thème ni les aventures ne sont intéressants. Où se trouve alors la substance même du film? Dans tout ce qui ne se voit pas, tout ce qui n’est pas apparent, c’est à dire, l’atmosphère et la quotidienneté. Le film est une adaptation de Don Quichotte. Les personnages principaux de Quichotte y sont. Mais il ne s’agit pas d’une adaptation fidèle du livre. Dans le film, il n’y a que deux scènes tirées du livre. Que raconte donc ce film? Il raconte ce qui n’est pas écrit dans le livre. J’ai également puisé mon inspiration dans les oeuvres de Ozu et dans sa façon toute particulière de comprendre le cinéma représenté par une poétique d’accumulation de quotidienneté. C’est ce que nous voulions montrer. Ce ne sont pas les personnages qui réalisent une action analysée, étudiée, en somme, voulue. Ils se limitent à rassembler des moments, à vivre, ils sont eux-mêmes.


Christophe Farnarier – directeur de la photographie

Christophe tourne

Albert savait parfaitement ce qu’il voulait depuis le début. Il voulait utiliser diverses caméras numériques, deux, trois, peut-être même quatre. C’est un film en costumes et il y avait donc le problème de la reconstitution et de le rendre crédible aux yeux du public. Nous avons décidé de ne pas remplir les images, la meilleure chose à faire était au contraire de tout retirer et de travailler sur des images très propres. J’ai utilisé le trépied le plus petit qui soit, à vingt centimètres du sol, ainsi j’ai tout filmé à hauteur du sol. Il y a beaucoup de plans statiques, où rien ne se passe et où les cadrages sont très larges, ainsi les acteurs pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Il existe une grande diversité d’images car finalement nous avons utilisé trois caméras numériques. J’ai construit une espèce de volant afin de pouvoir tenir la caméra comme si c’était le volant d’une voiture. Nous avons également utilisé de nombreux trépieds et beaucoup de “caméras en main”. Ces caméras peuvent facilement être prises en main et il est alors possible de bouger avec désinvolture. J’ai travaillé avec Ken Loach et il m’a appris beaucoup quant à la liberté des acteurs. Les techniciens doivent travailler en fonction des acteurs et non le contraire, comme cela arrive souvent.

Plongez dans l’écran :

« Installez-vous commodément et plongez dans l’écran. Observez deux hommes dans leur vie quotidienne, voyagez avec eux dans un perpétuel déplacement. Il semble que le vieux est insomniaque….. et que le jeune a sommeil….. se sont-ils échappés du livre ?….
C’est un road movie végétal et pré-archaïque, un documentaire tourné au moyen âge. C’est un poème, chacun pourra le lire avec ses propres perceptions. Comme le dit Rimbaud, cela veut tout dire et dans tous les sens. Tout se passe dans d’infinis détails mais aussi dans une cosmogenie totale.
Bien sûr il vaut mieux oublier le modèle de « film-actuel-effets-speciaux-action-videogames ». Honor de Cavalleria serait plutôt comme une exposition de peinture. On marche doucement dans la galerie, on s’arrête devant un tableau, puis devant un autre, et petit à petit le spectateur crée son propre imaginaire sur l’ensemble de l’oeuvre, ici le film. Et il s’en ira avec son propre souvenir de cette perception. » CF


 

Montse Triola – productrice

Nous avons recherché des plateaux en extérieurs pendant quinze jours, et puis nous avons commencé à tourner pendant quinze jours également. C’est un film aux caractéristiques très particulières: nous avons tourné seulement en extérieur en décors naturels ce qui signifie que nous n’avons pas eu besoin de chercher de studios et de décors, nous n’avons pas utilisé de lumières artificielles, nous avons tourné en numérique, chose qui nous intéressait énormément. Nous avons travaillé 15 jours en août, période durant laquelle les gens étaient disponibles. Les plateaux se trouvent à Saint Clément. C’est un endroit proche d’une base militaire et étant donné que nous voulions tourner un film sans aucune intervention humaine, telles que par exemple des câbles électriques, des maisons ou des ponts, cet endroit était idéal pour tout cela et aussi pour réaliser un film en costumes. Nous voudrions distribuer le film en catalan sous titré en espagnol ou en anglais. Nous envisageons de le présenter à des festivals de cinéma car c’est un film en version originale destiné à des circuits peu commerciaux, c’est pourquoi les festivals sont d’une grande importance.


Lluís Carbó – comédien

Travailler avec un grand metteur en scène comme Albert Serrá fut une expérience formidable. Nous avons des amis dans le théâtre en commun, et puis je crois être un Don Quichotte fidèle. Je l’ai été toute ma vie et c’est peut-être pour cela qu’Albert a voulu travailler avec moi. Celui-ci a été un Quichotte très facile pour moi car, avec Albert à la réalisation, mon travail est devenu très simple même si j’ai voulu le faire un peu à ma façon. Le cinéaste me disait toujours: – interprète le personnage à ta façon – et c’est ainsi que cela s’est passé. Je me suis beaucoup amusé, l’équipe était très sympathique. Nous avons tourné les premières scènes en août dernier, vous imaginez la chaleur! J’enfilais l’armure le matin et nous marchions dix kilomètres dans la campagne avec les chevaux avant d’arriver sur le plateau de tournage. La journée commençait à 4 ou 5 heures du matin et nous travaillions sans arrêt jusque tard dans la nuit, presque sans jamais dormir. Nous avons ainsi tellement tourné qu’Albert pense qu’il serait possible de constituer 3 versions du même film. J’ai pu voir quelques scènes depuis la fin du tournage et les paysages sont magnifiques. Travailler avec Sancho fut une très belle expérience, il est très doué. Il y a quelques temps nous sommes allés à Malaga, nous avons vu la bande-annonce du film et l’interprétation de Sancho est excellente. Je pense que ce film connaîtra un grand succès non seulement grâce aux paysages mais aussi à l’interprétation de Sancho.

 

Voir les vidéos de ces Interviews en espagnol

 

Commentaires»

  1. Hello à vous,

    Bravo ! je suis très contente de voir que vous avez mis ce blog en place. Ce film est l’un des plus beaux et des plus intéressants que j’aie vu depuis longtemps.
    Et ceux qui disent qu’il n’est pas facile me semblent s’en faire toute une montagne.

    A bientôt.

  2. Bonjour, j’ai fait l’image du film et je suis trés content de voir qu’il plait aux jeunes. pour un film lent et un peu austère, c’est un bon accueil. Merci.

  3. Bonjour,
    Ce film est génial car il est innovant. Le film nous fait transporter dans des réactions différentes ; certains dorment, d’autres sont dans un état d’attente. La lenteur fait grandir l’impatience de découvrir la suite. Je recommande ce film pour son originalité et pour son montage particulier. Je suis impatient de voir le prochain film d’Albert Serra.

  4. A la fin de la projection à Lavelanet (Ariège) le 19 mai 2007, nous étions moins de 10, hélas. Le lendemain, l’équipe de la production devait s’y rendre et malgré notre envie de les rencontrer, nous ne pûmes rester jusqu’au dimanche soir.

    J’ai vraiment aimé ce film qui évoque d’autres aspects de don Quichotte comme une idée « d’avant la légende » mais aussi de l’amitié. Si l’amour est surexploité au cinéma, l’amité a rarement été traité avec autant de finesse. Deux hommes préfèrent tout abandonner et dormir dehors pour vivre d’hypothétiques aventures.

    Tout cela est très intéressant. D’autant plus que l’amitié ET la trahison est un théme central de l’oeuvre de Cervantes. Pour son bien, on ment à don Quichotte. Sa bibliothèque de livres de chevalerie ? Mais elle n’a jamais existée, répondent ses amis, après l’avoir murée.

    Reste enfin le mystère de la fin de don Quichotte. Mystère absolu.

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